vendredi 4 décembre 2020

Calendrier de Lavans des chansons engagées (4/24) # Saison 7 - "Le tube de l'hiver"

 

Salut à toi l'ami.e,

En cette année 2020, on n'a pas perdu que de la convivialité.
On a perdu de la causticité.
On a perdu Simon, "D'un éléphant ça trompe énormément" et de "Nous irons tous au paradis", que mon père nous a fait découvrir assez jeunes, rétrospectivement...

Guy Bedos a été l'un de mes initiateurs à l'analyse politique, à travers ses revues de presse. La seule fois que j'ai été à l'Olympia, c'était pour le voir, en 1995.
J'aurais pu :
- glisser l'extrait d'Apostrophe, dans lequel il se revendique "Pied Noir et rouge", et pour l'Algérie algérienne
 
 

 
- mettre un lien vers son sketch "L'annonce du licenciement" sur les différentes manières d'annoncer un licenciement à son épouse


"Dis-moi chérie, on me propose de rester au même poste, mais sans salaire et sans chaise pour m'assoir..."
 
- évoquer ses saillies contre "ce gâteux de Le Pen", cette "conne de Nadine Morano" ou Zemmour...

- proposer quelques revues de presse ou son sketch "Voter"...
 

"Ce soir, grâce à toi mon grand, un homme va être élu Président de la République !
Tu t'en fous? (...)
Si tu te remues pas le cul, tu vas faire élire un Président de droiiiite !"

...mais c'est un calendrier de chansons engagées. Alors j'ai mis une chanson, son "Tube de l'hiver", chronique sociale de 1975 sur un air de Joe Dassin.



Guy Bedos a soutenu l'association Droit au logement, la Ligue des droits de l'Homme, était membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité...


Le tube de l'hiver - Guy Bedos

Tu sais, j'ai jamais autant dégusté qu'avec toi, cette année-là.
Je me souviens de ce matin de décembre.
Il faisait froid à en crever.
C'était l'hiver.
Évidemment puisqu'on était en décembre.
Je me suis jamais autant pelé que ce matin-là.
C'était l'hiver.
Oui, je sais, je l'ai déjà dit, mais dans la chanson, comme on s'adresse à des débiles, on répète les trucs plusieurs fois.
C'était l'hiver.
Un hiver comme il n'en existe que dans le Bassin parisien, en banlieue-est, quand on habite Pontault-Combault, allée des Mimosas, aha, et que, la veille, il a fallu se taper le métro jusqu'à la porte de Vincennes, attraper l'autocar conduit par un chauffeur alcoolique qui te fait gicler douze bornes plus loin, en pleine nature, et qu'on en a encore six à se farcir à pattes, de la gadoue plein les baskets, pour retrouver la piaule dégueulasse où tu m'attendais, mon amour.
Avec ton peignoir crasseux, tu ressemblais à une eau-forte de Jérôme Bosch, quand il se laissait aller à barbouiller n'importe quoi, n'importe comment, les soirs de déprime.
C'était l'hiver.
Je me souviens.

Toi.
Moi.
Moi.
Toi.
Toi et moi.
Moi et toi.
Enfin, nous, quoi.
On avançait sur ce terrain vague, main dans la main. Tu me suppliais de ne pas trop serrer, à cause des engelures. On s'embrassait parmi les détritus, ça faisait de la buée, et je te prêtais mon
Kleenex pour que tu puisses te moucher pendant que tu chialais. Je me souviens de ce que je t'ai dit ce matin-là.
On ira où tu voudras quand tu voudras.
A part qu'avec le loyer, la bouffe et les transports à payer, et le chômage qui nous tombe sur la gueule, eh ben, on est dans la merde, mon amour.
Et c'est ce matin-là que tu m'as avoué que tu étais en cloque et je t'ai filé deux claques dans le nez pour que tu fasses attention la prochaine fois.
Mais comme on pouvait pas non plus s'offrir un avortement en Suisse ou en Angleterre, on a trouvé une dame très serviable qui nous a fait ça pour pas trop cher, à Bobigny.
Je me souviens. Aujourd'hui je suis très loin de ce matin d'hiver.
Je m'en souviens comme si j'y étais.
Ça fera pas le tube de l'été.
Mais comme c'était l'hiver, ça fera peut-être le tube de l'hiver.
C'était l'hiver.
C'était l'hiver...

La bise.

Ju.


Retrouvez ici les saisons précédentes du Calendrier de Lavans des chansons engagées
2014 : "Bella Ciao"
2015 : "Salam Halaykoum" de HK et les Saltimbanks

2016 : "Citoyen" de Salim Maghnaoui
2017 : "Les canuts" de Aristide Bruant
2018 : "Au bord de la rivière" de Michel Bühler
2019 : "La manifestation" des Cow-Boys fringants


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