mercredi 2 décembre 2020

Calendrier de Lavans des chansons engagées (2/24) # Saison 7 - "Une sorcière comme les autres"

 

Elle était évidemment prévue dans ce calendrier, mais pas aujourd'hui.
Mais parce que... 😥
 
Je n'ai pas encore fait le tour du répertoire d'Anne Sylvestre.
Les Fabulettes tournent toujours sur les lecteurs CD de nos filles. Elles ont un petit faible pour cette chanson "Mais il le faut", dans laquelle elle n'est pas fière de manger des animaux...

Parmi toutes les chansons dont tu as pu entendre un extrait depuis hier, je te propose "Une sorcière comme les autres", une chanson qui date de 1975, que je ne connaissais pas (chantée ici en duo avec Pauline Julien)... 
 

 
 
et que j'ai découverte à travers une réinterprétation par deux comédiennes chanteuses québécoises, Laetitia Isambert et Nathalie Doummar. Elle a fait -un peu- polémique, car tronquée, sans autorisation de l'auteure. La vidéo a d'ailleurs disparu.
A noter que début 2020, la MJC lde Pen Ar Créac'h a réuni 106 femmes, pour interpréter cette chanson.




Et que les versions d'Adèle Got (même si elle n'est plus disponible en ligne) et d'Octobre ne sont pas mal non plus.

Quelle que soit la version de cette ode féministe j'espère qu'elle tournera longtemps sur les lecteurs de mes filles.
C'est pas mal parti : Romane a réussi à la faire inscrire au répertoire de sa chorale, au collège.

L'année 1975, avait été déclarée "année de la femme".
Aujourd'hui, il reste la journée du 8 mars, qui nous permet de lire de très beaux portraits, tous les ans, dans l'Hebdo du Haut-Jura.
Un jour peut-être, toutes les années auront ce label féministe.

La figure de la sorcière a été réutilisée par le mouvement féministe, notamment à travers la revue Sorcières (24 numéros, entre 1976 et 1982).
Elle m'évoque une conversation estivale, avec Laurence Bouchet, philosophe itinérante, qui réalisait, à la lecture de l'ouvrage de Mona Chollet sur la question (à réserver à la médiathèque), que ces sorcières qui furent brûlées vives pendant des siècles -des dizaines de milliers-, étaient le plus souvent des femmes aux cheveux poivre et sel, autonomes et indépendantes, vivant à contre-courant.  Comme elle.
Le célibat, l'homosexualité, le libertinage, la pratique de la médecine douce étaient également de bonnes raisons de finir décapitée et/ou sur le bûcher.

Une sorcière comme les autres - Anne Sylvestre

S’il vous plaît
Soyez comme le duvet
Soyez comme la plume d’oie des oreillers d’autrefois
J’aimerais ne pas être portefaix
S’il vous plaît faites-vous léger
Moi je ne peux plus bougerJe vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d’amour
Je vous ai porté encore
À l’heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Vous ai morcelé mon coeur

Quand vous jouiez à la guerre moi je gardais la maison
J’ai usé de mes prières les barreaux de vos prisons
Quand vous mouriez sous les bombes je vous cherchais en hurlant
Me voilà comme une tombe et tout le malheur dedans

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Celle qui parle ou qui se tait
Celle qui pleure ou qui est gaie
C’est Jeanne d’Arc ou bien Margot
Fille de vague ou de ruisseau

C’est mon cœur ou bien le leur
Et c’est la sœur ou l’inconnue
Celle qui n’est jamais venue
Celle qui est venue trop tard
Fille de rêve ou de hasard

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

Il vous faut
Être comme le ruisseau
Comme l’eau claire de l’étang
Qui reflète et qui attend
S’il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie, ne m’inventez pas
Vous l’avez tant fait déjà
Vous m’avez aimée servante
M’avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m’avez aimée putain
Et couverte de satin
Vous m’avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j’étais vieille et trop laide, vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide quand je ne vous servais plus
Quand j’étais belle et soumise vous m’adoriez à genoux
Me voilà comme une église toute la honte dessous

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Celle qui aime ou n’aime pas
Celle qui règne ou se débat
C’est Joséphine ou la Dupont
Fille de nacre ou de coton

C’est mon cœur
Ou bien le leur
Celle qui attend sur le port
Celle des monuments aux morts
Celle qui danse et qui en meurt
Fille bitume ou fille fleur

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S’il vous plaît, soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent
Libre aussi, regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n’ayez pas peur
Pour moi je vous sais par cœur

J’étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J’étais la bûche et le feu
L’incendie aussi je peux
J’étais la déesse mère
Mais je n’étais que poussière
J’étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s’ouvre
Et le volcan n’en peux plus
Le sol se rompt, on découvre des richesses inconnues
La mer à son tour divague de violence inemployée
Me voilà comme une vague vous ne serez pas noyé

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Et c’est l’ancêtre ou c’est l’enfant
Celle qui cède ou se défend
C’est Gabrielle ou bien Eva
Fille d’amour ou de combat

Et’ c’est mon cœur
Ou bien le leur
Celle qui est dans son printemps
Celle que personne n’attend
Et c’est la moche ou c’est la belle
Fille de brume ou de plein ciel

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S’il vous plaît, s’il vous plaît faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger


La bise.

Retrouvez ici les saisons précédentes du Calendrier de Lavans des chansons engagées

2014 : "Imaste Dyo" de Mikis Theodorakis

2015 : "Ouvrez les frontières" de Tiken Jah Fakoly

2016 : "Depuis ta mort" de Leni Escudero

2017 : "Aux armes" de Mélissmell

2018 : "8 secondes" des Cow-boys fringants
2019 : "Balance ton quoi" d'Angèle

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