samedi 17 décembre 2022

Calendrier de Lavans des chansons engagées (17/24) # Saison 9 - "Une petite robe noire"

Juliette Noureddine est connue pour sa gouaille, son humour, sa trucculence. Et son franc parler.

Elle a fait ses débuts artistiques dans les bars et restaurants toulousains, après avoir passé sa sclarité dans une institution religieuse.
Cette chanson, "Une petite robe noire" rentre dans la catégorie des chansons engagées qui ne sont ni joyeuses, ni festives. Mais qui sont bouleversantes, par la thématique, et la force des mots. Elle est issue de son huitième album, "Nour", sorti en 2013, bien avant #Metoo, ou les parutions des livres de Vanessa Springora ("Le consentement") ou de Camille Kouchner ("La familia grande")
 
 

C'est pourquoi, je te renvoie vers deux de ses chansons féministes, moins plombantes, en Bonus :
- "Madame"
Je veux chanter ces fillesOubliées des fantasmesEt des talons aiguillesMais jamais des sarcasmes

- "Rimes féminines"
Permettez à votre JulietteDe ne point mûrir en minetteMais en ColetteEn MistinguetteOu pourquoi pas madame de Lafayette
 
 

Une petite robe noire - Juliette
Une petite robe noire légèreToute simple et sans manièreDansait à l’écartAu fond du placardN’avait autour d’elleQu’ des gilets d’flanelleDes chemises d’hommeEt des pantalons, tout comme.Elle était, hélasSi peu à sa placePerdue par hasardEntre deux costardsUne anomaliePourtant si jolieSuspendue, fragile,Dans ce drôle d’ exilViril.
Faut dire c’que ça plait aux fillesLes petites robes qu’un rien déshabille,Petit bout de tissuSans quoi elles iraient nues,Petit rêve où s’égarentLa main ou le regard,Petite robe noireToute simple et sans fard,Petite plume volée aux parures étrangesDes anges.
La petite robe noireRacontait sa belle histoireSes heures de grâceAu printemps qui passeQuand le cachemireLe blouson de cuirRassurants et forts,Ne la blessaient pas encore ;Quand une caresseLa faisait princesse ;Quand elle allait libreDe toutes ses fibres,Avant le passageDes premiers orages,Avant qu’on n’ la cloueDe reproches flousJaloux...
Faut dire c’que ça coûte aux fillesLes petites robes qu’un rien déshabille,Petit bout de tissuSans quoi elles iraient nues,Petit rêve où s’égarentLa main ou le regard,Petite robe noireToute simple et sans fard,Petite plume tombée en souvenir étrangeD’un ange.
La petite robe sageS’abimait sous les outrages
Avilie de cris
Salie de mépris.Elle savait les coupsLes marques au couLes larmes qui brillentAu coin des yeux qu’on maquille.Un soir de misèreD’enfer ordinaire,De vague rupture,De coups de ceinture,On l’avait grifféeDéchirée, froissée...Et puis, peu importe,Laissée de la sorte :Morte.

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