vendredi 9 décembre 2022

Calendrier de Lavans des chansons engagées (9/24) # Saison 9 - "Plaidoyer pour un futur crétin"

 Dis papa...

Pourquoi celui-là on l'avait pas dans les 33 tours à la maison? Jehan Jonas, de son vrai nom Gérard Beziat... tu connais?
C'est un contemporain de Ferré, dont il fit la première partie à a Maison de la Mutualité. On l'associa à Brassens pour ses chansons à textes, son côté pamphlétaire et ses idées libertaires.

Il fut aussi l'auteur de récits radiophoniques, de pièces de théâtre et de textes pour d'autres artistes, de romans érotiques, de scénarios de films pornographiques...

Il se moque tantôt de la police et de l'armée, tantôt de la religion et de la morale
Il s'est moqué de la prostate de De Gaulle, a chanté Pompi... que dalle ! , un pamphlet contre le président Georges Pompidou, un autre sur La couille du président, un autre contre la police (Flic de Paris), 
 
 

 
fait place à l'antiracisme (White and black),
 
 

 
 s'est amusé de La mentalité française.
 
 

 
"Y'a pas d'racisme dans ma vie
J'vais tous les ans à Tahiti
J'ai même des noirs dans mes amis
Mais si ma fille veut se marier
Avec un noir c'est refusé
Faut tout d'même pas exagérer
Y'a pas d'racisme dans ma vie"

Il a écrit un Plaidoyer pour un futur crétin toujours d'actualité en 2022...
J'adore la chute.




Il est mort à 35 ans, d'une tumeur au cerveau.
Une association -Jehan JONAS Second Souffle- tente de le faire sortir de l'oubli où il a été plongé durant les années 70, censuré par les radios. J'adhère.

Plaidoyer pour un futur crétin - Jehan Jonas
Dans des écoles
Aux murs décorés de tes dessins d'enfant
Sur des bancs où tu seras fier de t'asseoir
Comme se sont assis tes ainés
Quand nos aînés n'y seront plus

On t'apprendra l'obéissance
On t'apprendra la transparence
On te rendra inodore, incolore, insipide
Insonore et stupide
On t'apprendra le code de la route
À voter oui une fois pour toutes
À voter oui
À voter non
Hum, hum, hum... à voter
À faire ton devoir du dimanche

Tu deviendras celui qui rampe
On éteindra ta lampe
Et tu parleras au nom des autres
Tu diras "Nous"
Tu diras "Nous voulons"
Tu ne diras plus jamais "Moi"

Tu parleras très fort
Tu marcheras quand même
Sous la botte ferrée
D'un cabot militaire
Puisqu'il faut le faire
Ou bien tu t' feras réformer
Et tu l' diras très fort
En riant comme une conne
"Je les ai bien eus, ha, ha...
Je les ai bien eus"
Comme si c'était possible

Tu seras de la majorité
Ou tu seras de l'opposition
Tu suivras les consignes
Tu seras pour ou contre
Et quand tu l'auras dit
T'iras t'asseoir devant ta soupe
Avant qu'elle refroidisse
Avant qu' même le Royco se révolte

À défaut d'être quelqu'un
Tu seras quelque chose
Dont tu causeras bien haut
En faisant de grands gestes
Modeste
Tu seras une fonction écrite
En gras sur une carte de visite

Tu écouteras les compliments
Le rouge au front, baissant la tête
Couronnant de tes cheveux blancs
Le pavillon de ta retraite
Et tu diras "Merci"
Ravalant ta rancœur
Car on t'aura appris
Qu'on ne parle jamais la bouche pleine

Tu seras un valet modèle
Fidèle
Un peu putain, bien sûr
Mais faut bien vivre
Et l'on t'entendra dire
"Mon p'tit, tu sais, dans la vie
On ne fait pas toujours c' qu'on veut
Tu comprendras plus tard
Il faut plier parfois
Comme j'ai plié toujours"

Et tu f'ras le compte de tes amis
Sur le doigt qu'il te restera
D'une vie de labeur
Avec des gens sévères
Hum... mais justes
Et l'on t'emportera
Plié, voûté
Coudé
Dans une boîte en bois
Comme dans le ventre d'une mère
Suivi des enfants de ta femme

Voilà pourquoi
Voilà pourquoi, mon fils
Ta mère... prend la pilule

La bise.

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