dimanche 31 décembre 2017

Calendrier de Lavans des chansons engagées (31/24) # Saison 4 - "L'hymne insoumis" et "L'ami Mélenchon"

Bonjour,

pour clore l'année, les programmes TV ressortent en général les bêtisiers.
Dans ma mémoire en tout cas: ça fait un bail que je n'ai pas regardé la TV un 31 décembre.

Le Président, lui, sort ses voeux.

Et pour ce calendrier, j'avais envie d'introduire un morceau de musique orchestrale. Mais mes notions de musicologies sont trop limitées pour sortir du répertoire classique un morceau engagé composé par Mozart; Bethoveen et consorts...

Je m'appuierai pour ce faire sur la notion de bêtisier politique: celle des hymnes de campagne.
L'hymne de campagne de Chirac en 1981 vaut le détour. 



En 1988, il utilisait The Final Countdown, du groupe Europe pour ses fins de meeting (Manuel Valls aussi... en 2017).



 En 1995, il est venu à quelque-chose de plus sobre...



La sobriété, ce n'est pas le terme qui conviendrait aux hymnes de Jean-Marie Le Pen interprété par la chanteuse malgache Isabella Imperatori en 2007, ou de Nicolas Sarkozy, concocté la même année par Nicolas Luciani (Sarko oh oh)...



Mais celui-là ne lui avait peut-être pas coûté 86000 euros comme celui qu'il a commandé en 2012 (déclaré gracieux par Sarkozy, annoncé à 43000 euros sur les comptes de campagne - Le Point 30.09.2016).

Après, les hommes politiques ne maitrisent pas toujours les hommages des fans. Un John Stanley, chanteur monégasque, a sorti une chanson "Nicolas Sarkozy, reviens je t'en prie, viens nous sauver la vie" qui a dépassé le million de vues. A utiliser pour un slow, ce soir, au moment du Réveillon...

Soyons objectifs, les chansons d'hommage aux hommes politiques de gauche ne sont guère moins guère moins ridicules.
Mais certaines sont amusantes. On avait eu en 2012 le remix de la chanson de Philippe Katerine: "Je coupe le Chon... Je re-Mélenchon...".



En 2017, un Tourangeau, Philippe Chamblas, a écrit "Le vent se lève", qui se prend un peu plus au sérieux (il y a même une traduction en espagnol). Tout comme "L'hymne insoumis".



La chanson officielle, orchestrale, a été composée par un Néo-Zélandais, Terrence Blyth. Le morceau original s'appelle "Bird on the Wire".



J'ai apprécié le remix d'un discours par Stefan Radvic ("L"hymne des insoumis"), un peu moins celui effectué par Khaled Freak ("Hypocrites").



 Et j'ai vu réapparaître Chanson Plus Bifluoré : "L'ami Mélenchon" sur l'air de "C'est un mauvais garçon".



Je vous la mets en bonus.

La bise.

samedi 30 décembre 2017

Calendrier de Lavans des chansons engagées (30/24) # Saison 5 - "Asimbonanga"

Je vais réparer aujourd'hui un oubli de quatre ans, avec une chanson qui a son importance dans ma discographie personnelle.
A priori, pas que dans la mienne.

Je me rends compte à l'instant (enfin à l'heure où j'écris ces lignes) que je n'ai pas évoqué Johnny Clegg en quatre éditions de Calendrier des chansons engagées.

Asimbonanga
 (« Nous ne l'avons pas vu ») est sortie en 1987, dédiée à Nelson Mandela, alors emprisonné sur l'île de Robben Island, au large du Cap (« Look across the Island into the Bay ». Il cite aussi le nom de Steve BikoVictoria Mxenge et Neil Aggett, tous trois militants de la lutte contre l’apartheidAutre particularité de cette chanson, le titre est zoulou, le refrain est chanté dans cette langue et les couplets en anglais, acte particulièrement provocateur au temps de l'apartheid, surtout de la part d'un groupe multicolore, composé de Blancs et de Noirs. Le titre Asimbonanga fait référence au fait que personne ne sait à quoi ressemble Nelson Mandela, les photos de lui étant illégales.
Je me souviens avoir découvert l'apartheid et la ségrégation avec l'explication de texte de cette chanson.
Je me souviens avoir été impressionné par le courage de ce "Zoulou blanc".
Je me souviens que nous avions le 33 tours, et que mon frère, Mathias, l'écoutait particulièrement...
Je me souviens aussi de son indignation, quand, dans la cour de l'école du Truchet, un élève (appelons-le Ludovic, puisque c'était son prénom) avait détourné le titre de la chanson ("Assis beau caca")...
Je me souviens de l'hommage que lui a rendu Renaud, dans son album "Putain de camion", dont la cassette a fait plusieurs centaines de tours dans l'autoradio de notre BX break ("Jonathan")

Sa première révolte, Johnny Clegg l'a menée contre la religion: il refusa à 13 ans de faire sa bar mitsva.
Sa deuxième, contre l'école: il a fugué trois semaines, à 14 ans, en territoire zoulou. Il en appris la musique et la langue dans la rue...
Aujourd'hui encore, il poursuit sur la voie de l'engagement. Il l'a même chanté en français ("Faut pas baisser les bras" - 2006)...
Sa chanson Ibhola Lethu qui traite de la ségrégation dans les stades durant l'apartheid, a été choisie comme hymne pour la Coupe du Monde de football 2010...

Il a commencé cette année sa dernière tournée internationale, aux côtés du Soweto Gospel Choir, et l'écriture de son autobiographie.

Asimbonanga

Asimbonanga--------------------(we have not seen him)
Asimbonang' umandela thina-----(we have not seen mandela)
Laph'ekhona--------------------(in the place where he is)
Laph'ehleli khona--------------(in the place where he is kept)
Oh the sea is cold and the sky is grey
Look across the island into the bay
We are all islands till comes the day
We cross the burning water
Asimbonanga--------------------(we have not seen him)
Asimbonang' umandela thina-----(we have not seen mandela)
Laph'ekhona--------------------(in the place where he is)
Laph'ehleli khona--------------(in the place where he is kept)
A seagull wings across the sea
Broken silence is what I dream
Who has the words to close the distance
Between you and me
Steve biko, victoria mxenge
Neil aggett
Asimbonanga
Asimbonang 'umfowethu thina----(we have not seen our brother)
Laph'ekhona--------------------(in the place where he is)
Laph'wafela khona--------------(in the place where he died)
Hey wena-----------------------(hey you!)
Hey wena nawe------------------(hey you and you as well)
Siyofika nini la' siyakhona----(when will we arrive at our destination)

La bise.

vendredi 29 décembre 2017

Calendrier de Lavans des chansons engagées (29/24) # Saison 4 - "Racisme d'Etat"

Alors, Racisme d'Etat ou pas?
C'est le genre de débat que l'on ne peut pas voir en noir ou blanc. Ni en gris (pardon).
Ni rouge, ni vert, ni jaune... tant qu'à décliner la palette des couleurs... Et il ne faut certainement pas le laisser teinter en bleu marine.

A l'image de celui qui anime les repentants  aux tenants des bienfaits de la colonisation...

La question du Racisme d'Etat a resurgi au détour d'une actualité de la semaine dernière: l'éviction à la demande du gouvernement de Rokhaya Diallo du Conseil national du numérique, une semaine après sa nomination, sous la pression entre autres de la fachosphère (dont Laurent Wauquiez). Une décision qui a entraîné la démission de la quasi totalité des membres de cette instance.

Rokhaya Diallo affirme qu'il y a du racisme d'Etat en France.
Elle a cofondé en 2007 l'association Les Indivisibles, dont l'objectif est de déconstruire les préjugés grâce à l'humour et l'ironieCe nom est inspiré de l’article premier de la Constitution française qui dispose que la France est une République laïque et indivisible. Le collectif est célèbre pour ses "Y'A Bon Awards", décernés entre 2009 et 2015 à des personnalités pour des propos jugés racistes.

Ce mois ci, conviée à s'exprimer à la tribune des Nations Unies au sujet des discriminations vis-à-vis des personnes d'ascendance africaine dans le monde, elle y a dénoncé le « racisme d'État » présent en France, notamment à travers les violences policières « dont sont principalement victimes les personnes d'ascendance africaine...
Antiraciste, critiquée pour son racialisme, son communautarisme, sa critique de la laïcité àtravers une crispation sur l'islamophobie, Rokhaya Diallo n'est ni toute blanche, ni toute noire...

Mais elle a le mérite d'aiguillonner le débat. Elle soutient notamment que "la question antiraciste doit être portée en priorité par les personnes qui vivent le racisme dans leur chair"...
Un peu comme s'il fallait laisser les femmes s'occuper du féminisme (pardon)...
Le New-York Times et le Gardian ont en tout cas épinglé la France, voyant dans ce sujet l'illustration des difficultés de débattre du racisme en France (lire ici)...

Au départ, je voulais juste partager cette chanson de Kolibri, "Racisme d'Etat".
Désolé pour la digression.




La bise.


jeudi 28 décembre 2017

Calendrier de Lavans des chansons engagées (28/24) # Saison 4 - "Le siècle des réfugiés"

Christophe Tégret ne pouvait se résoudre à ce que les nouvelles générations ne puissent entendre les textes de Lény Escudero en concert.
Il est lui-même venu à la musique dans les pas de ce chanteur engagé, dont les chansons sentimentales ont éclipsé les titres révoltés.
Avec son groupe Malaquet, il a sorti un album de reprises, "Malaquet chante Escudero"...

Si elles ont le mérite de les faire revivre, de les faire entendre sous un nouveau jour, via un nouvel arrangement, le souci, avec les reprises, c'est qu'elles n'arrivent pas toujours au niveau d'intensité de l'originale.
J'ai découvert le titre "Le siècle des réfugiés" grâce à Malaquet.



Mais je crois que je préfère l'originale.



Je vous adresse les deux : faites votre choix.

Le siècle des réfugiés

J’ai vécu
Au siècle des réfugiés
Une musette au pied de mon lit
Avec la peur au ventre
Des humiliés
Des sans logis
Qui tremblent
Les oubliés
Aux mal-partis
Ressemblent
Ils sont toujours les bras ballants
D’un pied sur l’autre mal à l’aise
Le cul posé entre deux chaises
Tout étonné d’être vivant
Ils sont souvent les en-dehors
Ceux qui n’écriront pas l’histoire
Et devant eux c’est la nuit noire
Et derrière eux marche la mort
Ils sont toujours les emmerdants
Les empêcheurs les trouble-fêtes
Qui n’ont pas su baisser la tête
Qui sont venus à contre temps
Dans tel pays c’est mal venu
Venir au monde t’emprisonne
Et chaque jour on te pardonne
Puis on ne te pardonne plus
J’ai vécu
Au siècle des réfugiés
Une musette au pied de mon lit
Avec la peur au ventre
Des humiliés
Des sans logis
Qui tremblent
Les oubliés
Aux mal-partis
Ressemblent
On peut souvent les voir aussi
Sur les photos des magazines
Essayant de faire bonne mine*
Emmenez-moi au loin d’ici
Ils ont des trous à chaque main
C’est ce qui reste du naufrage
Ils n’ont pas l’air d’être en voyage
Les voyageurs du dernier train
Ils sont toujours les séparés
Le cœur perdu dans la pagaille
Les fous d’amour en retrouvailles
Qui les amènent sur les quais
Et puis parfois le fol espoir
Si elle a pu si elle arrive
De train en train à la dérive
Et puis vieillir sans la revoir
J’ai vécu
Au siècle des réfugiés
Une musette au pied de mon lit
Avec la peur au ventre

La bise.

mercredi 27 décembre 2017

Calendrier de Lavans des chansons engagées (27/24) # Saison 4 - "Je vais bien"

Cette chanson est un exemple du réseau créé par le Calendrier de Lavans des chansons engagées...
C'est Christophe, un permaculteur lamourantin, qui m'a suggéré la chanson de ce jour.

Christian Olivier, est l'un de membres fondateurs des Têtes Raides (1987). Ses textes, imprégnés de poésie et de littérature, s'inspirent de Brassens, de Brel, de Prévert, de Desnos… Tranchantes, naïves, surréalistes , drôles  empreintes de tendresse et de désespoir mêlés, les chansons de Christian Olivier cultive la différence tant dans l'écriture que dans la musique...

Avec sa diction si particulière, profonde et intense, il a mis de très beaux textes en chanson comme le condamné à mort de Genet ou encore Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, un texte de Stieg Dagerman, que m'a fait découvrir un autre pote, Raphaël, il y a 2 ans...
Vive le bouche à oreilles!



La chanson du jour fut proposée par Xavier Mathias (permaculteur) dans l'émission De cause à effets, le magazine de l'environnement  de France Culture.



Je vais bien


Quand on aura fini de construire le monde 
J'espère qu'il restera quelques secondes 
Quand on aura fini de saccager la terre 
J'espère qu'il restera encore ce rayon de lumière 
C'est secondes on les prend 
C'est pas toi qui les compte 
Ca fini dans le vent qui descend qui remonte 
Et c'est ça qui nous tue c'est pour ça qu'on est nu 
Jusqu'à perte de vue on traverser la rue 

Quand on aura fini de se battre entre nous 
J'espère qu'il restera un morceau de nos joues 
Quand on aura fini de se ronger les sangs 
J'espère qu'il restera un après un avant 
Ces regards on les prend, c'est des coups de couteaux 
C'est la main qui se tend c'est pourquoi l'on beau 
Au bout de l'avenue on s'est pas retenu 
Jusqu'à perte de vue on traverse la rue 

Je vais bien tu sais 




Je vais 
Je vais bien tu sais 
Je vais 
Je vais bien tu sais 
Je vais 
Je vais bien tu sais 
Je vais 

Quand on aura fini de laver notre linge 
J'espère qu'il restera des chevaux et des singes 
Quand on aura fini de se croire tout permis 
J'espère qu'il restera ce pourquoi on s'l'est dit 
Ces paroles je les prend jusqu'à coûte que croute 
On va foncer dedans jusqu'à sortie de route 
Et dans les résidus juste après le talus 
Jusqu'à perte de vue on traverse la rue 

Quand on aura fini de construire le monde 
J'espère qu'il restera quelques secondes 
Quand on aura fini de plus croire en la vie 
J'espère qu'il nous restera quelque part une envie 
Ces sourires je les prends c'est pas toi qui les donne 
Jusqu'à la nuit des temps c'est nos coeurs qui résonnent 
Comme j'avais jamais vu le bout de l'avenue 
Jusqu'à perte de vue je traverse la rue 

Je vais bien tu sais 
Je vais 
Je vais bien tu sais 
Je vais 
Je vais bien tu sais 
Je vais 
Je vais bien tu sais 
Je vais

La bise.