dimanche 6 décembre 2015

Calendrier de Lavans des chansons engagées (6/24) - Saison 2 - "La semaine sanglante"

En ce jour d'élections, la chanson de ce calendrier aurait pu être intitulée "Liberté, égalité, fraternité". Le texte est de Victor Hugo (à lire ici). La musique est de Serge Kerval, qui l'interprète (à écouter par là).

Serge Kerval, c'est une de ces voix qui a beaucoup tourné sur l'autoradio de la BX break (et de la GS aussi, qui avait bien un autoradio). Chanteur breton, Grand Prix de l'Académie Charles-Cros en 1986, Serge Kerval est venu chanter à Saint-Claude au début des années 80, à l'invitation de la section locale d'Amnesty International.
Il a mis en musique des textes de poètes et d'écrivains: Victor Hugo, Hervé Bazin, Alfred de Musset, Jules Verne...

C'est finalement un autre parolier que j'ai préféré à Hugo:  Jean-Baptiste Clément.
"La semaine sanglante" dénonce le massacre des communards.
Rien à voir avec les élections. Sauf évidemment pour l'idéal politique., mais le Grand Soir n'est pas pour ce soir...
Rien à voir avec l'état d'urgence?


La Semaine Sanglante
Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux mêmes sont tremblants.
La mode est aux conseils de guerre,
Et les pavés sont tout sanglants.
Refrain
Oui mais !
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront.
Et gare ! à la revanche
Quand tous les pauvres s’y mettront.
Quand tous les pauvres s’y mettront.
Les journaux de l'ex-préfecture
Les flibustiers, les gens tarés,
Les parvenus par l'aventure,
Les complaisants, les décorés
Gens de Bourse et de coin de rues,
Amants de filles au rebut,
Grouillent comme un tas de verrues,
Sur les cadavres des vaincus.
Refrain
On traque, on enchaîne, on fusille
Tous ceux qu’on ramasse au hasard.
La mère à côté de sa fille,
L'enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges,
Valets de rois et d'empereurs.
Refrain
Nous voilà rendus aux jésuites
Aux Mac-Mahon, aux Dupanloup.
Il va pleuvoir des eaux bénites,
Les troncs vont faire un argent fou.
Dès demain, en réjouissance
Et Saint-Eustache et l’Opéra
Vont se refaire concurrence,
Et le bagne se peuplera.
Refrain
Demain les manons, les lorettes
Et les dames des beaux faubourgs
Porteront sur leurs collerettes
Des chassepots et des tambours
On mettra tout au tricolore,
Les plats du jour et les rubans,
Pendant que le héros Pandore
Fera fusiller nos enfants.
Refrain
Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.
Refrain
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
À quand enfin la République
De la Justice et du Travail ?
Refrain

La bise.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire