lundi 5 décembre 2016

Calendrier de Lavans des chansons engagées (5/24) # Saison 3 - "Métèque"

NTM, j'ai creusé un peu lors de mes études à Bordeaux. Par l'entremise d'Alex notamment, et l'album Supreme NTM.
Au delà du cliché, de la provoc', du personnage antipathique qu'est Joey Starr... j'y ai découvert de sérieux messages dans les textes et dans la démarche du groupe. A l'image de "Laisse pas trainer ton fils"

C'est ça que tu veux pour ton fils ?
C'est comme ça qu'tu veux qu'il grandisse ?
J'ai pas d'conseils à t'donner mais si tu veux pas qu'il glisse regarde-le
Quand il t'parles écoute-le
Le laisse pas chercher ailleurs l'amour qui d'vrait y'avoir dans tes yeux...



ou de "Pose ton gun".




Ou comme cet hommage de Joey Starr à Moustaki.
Cette réécriture du Métèque est issue d'un album solo de 2006, "Gare au Jaguarr".
Joey Starr y décrit avec sincérité la haine d'un père destructeur, l'enfance assumée dans la rue et les mauvais coups. Georges Moustaki en personne donna sa bénédiction au rappeur pour reprendre ce titre.



Métèque

Avec ma gueule de métèque
Ma ganache de nègre errant
Toujours aussi réfractaire à vouloir rentrer dans le rang
Avec vous je serai franc, franc au possible
Dans l’rang impossible votre morale au crible
Qu'on me déleste de mon ego
Ça me rend psycho, j'sors les crocs

Ça me rend psycho dans mon flow et là il y a plus d'idéaux
Et donc je deviens accro à la suffisance, la violence
Et là pour vous brave gens, ah c'en est trop
Avec ma gueule de métèque mon œil de prédateur
En phase avec son temps, j’ai poussé sans tuteur
Poussé comme une mauvaise herbe
Comme un môme Croate ou Serbe
Qu’on me dit que mon attitude fout la gerbe
C’est la merde, c’est la merde

Avec ma gueule de métèque rafistolée qui s'est bastonné
A qui on a pris tout volé si peu donné
J’ai pris des branlées par un père déserteur

Au point d’espérer qu'en enfer il y ait du bonheur
La perception atrophiée
Et c’est pas votre moralité qui m'a habillé

Parce qu’anormal est l’isolement dans lequel j'ai pu nager

Dans lequel on m'a plongé
Auquel personne n'a jamais voulu rien changer
Avec ma gueule de métèque abreuvé par la passion
Mon sacerdoce est ma mission et si récompense il y a
Mon cœur me guide au trépas
Rien n'est acquis je l’ai toujours dit
Ça m'inquiète pas

Avec mon air aigri amer, galbé comme un fil de fer
Affûté pour la guerre j’roule pour la maison mère
Avec ma gueule j’fais bellek
J'ai pas une ganache de dieu grec
Il est possible qu'on m'arrête ou par erreur qu'on m'affrète
Avec ma bouche qui a trop bu mon air obtus qui pue la rue
Cette façon d’être à l'affut et en même temps d'être à la rue
Avec mes yeux tout délavés qui me donnent l'air de rêver
Avec mes rêves de délinquant
Mes coups d’sang incessants
Avec ma gueule de métèque
Héritière dune souffrance lointaine
J’veux pas finir en victime ni même finir à Fresnes
Avec son visage ses yeux verts
Tout me rapproche de ma mère
Tout m'éloigne de mon père grâce à qui j'ai ce goût amer

La bise,

Ju.

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